L’Anses a publie ces jours un premier travail d’interprétation sanitaire des résultats de la campagne nationale exploratoire des pesticides (CNEP) dans l’air, qui a été menée conjointement par l’Anses, l’Ineris et le réseau des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) de juin 2018 à juin 2019.
La France est un des seuls pays en Europe (avec la Belgique) à avoir engagé ce type de campagne pour mesurer les pesticides dans l’air ambiant à l’échelle nationale.
Il s’agit d’une première étape d’exploitation des résultats en vue de formuler une proposition de surveillance nationale pérenne des pesticides dans l’air dans les prochains mois. A cette fin, l’Agence identifie 32 substances prioritaires pour lesquelles des investigations approfondies sont nécessaires pour orienter cette surveillance.
La Campagne nationale exploratoire des pesticides (CNEP) a été lancée en juin 2018 et a permis de mesurer, sur 12 mois et selon un protocole pour la première fois harmonisé, 75 substances et de disposer d’environ 1 300 analyses pour chacune de ces substances.
L’Anses identifie 32 substances nécessitant un examen approfondi
Sur la base des résultats de la CNEP, l’Agence a effectué un premier travail d’interprétation sanitaire sur les 70 substances effectivement retrouvées dans l’air extérieur. Cette analyse a permis de cibler les substances nécessitant un examen approfondi en vue de leur éventuelle intégration dans la surveillance nationale des pesticides dans l’air.
Cette première interprétation sanitaire a été réalisée en déployant deux approches capitalisant à la fois sur les concentrations mesurées, les fréquences auxquelles les substances ont été mesurées dans l’air, les valeurs toxicologiques de référence ainsi que les classifications de danger les plus pénalisantes pour chaque substance, en passant en revue à la fois les bases des agences réglementaires et la littérature scientifique.
La première approche a fourni des indices du risque sanitaire en rapprochant les résultats de mesures dans l’air avec les données de toxicologie disponibles. Le faible niveau de ces indices ne met pas en évidence, au vu des connaissances actuelles, une problématique sanitaire forte associée à l’exposition de la population générale via l’air extérieur, hors source d’émission de proximité.
Une seconde approche a conduit à une priorisation de 32 substances d’intérêt.
Parmi ces 32 substances, le lindane, considéré comme une des substances les plus dangereuses (avec des effets cancérogènes, et/ou reprotoxique et/ou perturbateur endocrinien avérés), est quantifié dans près de 80% des échantillons analysés, alors même que cette substance est interdite en France depuis de nombreuses années.
Concernant le lindane, l’Anses engage rapidement un examen approfondi de sa situation : il s’agira dans un premier temps d’identifier les motifs de persistance, puis de pouvoir estimer les expositions cumulées par les différentes voies (respiratoire, alimentaire, cutanée) et milieux d’expositions (air extérieur et air intérieur, …).
Des recommandations visant à agir sur les sources d’émission pour limiter la contamination par cette substance pourront ainsi être formulées. Pour les huit autres substances interdites (soulignées dans la note de bas de page), l’Agence poursuivra un travail analogue.
Pour les autres substances prioritaires, un travail complémentaire d’expertise sera prochainement engagé, en tenant également compte des autres voies d’exposition chronique à ces substances. Ces investigations prendront aussi en compte l’actualisation des données disponibles, à la fois pour les valeurs toxicologiques et pour les données relatives aux dangers et aux effets sanitaires des différentes substances.
Ce travail constituant une première étape d’exploitation des résultats de la CNEP, l’Anses estime nécessaire de formuler dans les prochains mois une proposition de surveillance nationale pérenne des pesticides dans l’air. A cette fin, il s’agira de :
- Réaliser des analyses plus fines au niveau territorial de situations locales ou de proximité qui n’ont pas été abordées dans cette première étape,
- Approfondir les complémentarités avec les autres dispositifs de surveillance (eaux, biosurveillance, etc.),
- Les comparer aux recommandations déjà formulées par l’Agence concernant les polluants (1.3-butadiène, manganèse).