Bruxelles encourage les pays de l’Union à rouvrir leurs frontières intérieures pour sauver la période estivale et empêcher un naufrage du tourisme, déjà lourdement touché par la pandémie de coronavirus. Le secteur représente 10% du PIB de l’Union européenne et 12% des emplois.
Bruxelles a encouragé mercredi les 27 pays de l’Union à rouvrir leurs frontières intérieures pour sauver les vacances d’été de millions d’Européens et empêcher un naufrage du secteur touristique, plombé par le coronavirus. “Cela ne va pas être un été normal… Mais si nous faisons tous des efforts, nous n’aurons pas à passer l’été bloqués à la maison ou l’été ne sera pas complètement perdu pour l’industrie touristique”, a déclaré la vice-présidente exécutive de la Commission, Margrethe Vestager, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
10% du PIB de l’UE
Ce secteur, crucial pour l’économie de l’Union puisqu’il représente 10% de son PIB et 12% des emplois, regarde arriver avec anxiété la saison estivale après avoir déjà pâti depuis deux mois des mesures de confinement mises en place pour endiguer la pandémie. Le premier voyagiste mondial, l’allemand TUI, a annoncé mercredi son intention de supprimer 8.000 postes dans le monde, soit plus de 10% de ses effectifs.
Après le repli sur soi de nombreux pays européens, la Commission européenne veut les inciter à lever progressivement les contrôles et restrictions mis en place pour faire face au coronavirus. Le Commissaire européen aux Affaires économiques, l’Italien Paolo Gentiloni, s’est comme Margrethe Vestager voulu rassurant.
“Nous aurons une saison touristique cet été, même si ce sera avec des mesures de sécurité et des restrictions qui n’existaient pas l’an passé”, a-t-il promis dans un entretien mercredi à six journaux européen.
Pas de discriminations
L’exécutif européen prône une réouverture des frontières intérieures de l’UE de façon “concertée”, “la plus harmonieuse possible” et “non discriminatoire”. Il s’agit toutefois de simples recommandations puisqu’il appartient aux Etats membres de décider comment ils veulent protéger leur territoire.
Dans ses lignes directrices, c’est précisément à une telle situation que la Commission européenne s’intéresse. Elle préconise que lorsque des pays sont dans une situation épidémiologique comparable et ont adopté les mêmes mesures de précaution, ils doivent être traités de la même façon. En clair, si un pays A ouvre ses frontières avec un pays B, il doit aussi le faire avec son voisin C si ce dernier est dans la même situation que B. De même, quand un Etat ouvre ses frontières avec un autre, il doit le faire pour tous les habitants de ce pays, qu’ils en aient la nationalité ou pas.
A l’attention des futurs vacanciers, l’exécutif européen voudrait mettre en place d’ici l’été un site internet avec des informations en temps réel sur la situation aux frontières mais aussi dans chacune des régions touristiques.
Avoir ou remboursement ?
Pour certains pays du sud de l’Europe, l’Italie et l’Espagne, déjà les deux plus endeuillés par le coronavirus, mais aussi la Grèce et le Portugal, il s’agit de limiter les dégâts au maximum. Ces Etats sont très dépendants du secteur touristique et si les estivants restaient loin de leurs rivages, leur situation économique, déjà mauvaise, pourrait encore s’aggraver.
Dans ses recommandations, la Commission aborde aussi l’épineuse question du remboursement ou pas des voyages et séjours annulés à cause de la crise. Selon la réglementation de l’UE, le consommateur européen est en droit de réclamer un remboursement, mais nombre d’opérateurs et de compagnies aériennes préfèrent proposer un avoir à leurs clients.
La Commission rappelle ce droit fondamental et incite les transporteurs et voyagistes à offrir des bons d’achat attrayants. Fin avril, douze pays européens, dont la France, avaient demandé à Bruxelles de suspendre cette obligation faite aux compagnies aériennes de rembourser les passagers.