Le groupe chinois Alibaba, géant du e-commerce, va investir 26 milliards d’euros pour se renforcer dans le cloud (informatique dématérialisée) au cours des trois prochaines années. Un montant significatif, annoncé lundi 20 avril, puisqu’il représente plus de 40 % des revenus générés par la compagnie lors des quatre derniers trimestres.
La pandémie de Covid-19 a accru la pression sur l’économie mondiale, mais elle nous incite également à mettre davantage l’accent sur l’économie numérique , estime Jeff Zhang, président d’Alibaba Cloud Intelligence.
La demande pour l’activité cloud d’Alibaba a accéléré avec la crise du coronavirus en Chine. Lors de la publication de ses derniers résultats trimestriels, le 13 février, la compagnie indiquait qu’elle avait pour la première fois dépassé les 10 milliards de yuans sur la période (1,4 milliard d’euros), un chiffre en croissance de 62 % par rapport à l’année précédente.
Nouveaux data centers
Cet investissement doit permettre à Alibaba de renforcer son infrastructure, en ouvrant de nouveaux data centers, mais aussi d’améliorer technologiquement son offre. L’entreprise n’a pas précisé sur quelle aire géographique elle comptait porter son effort, mais à en croire le South China Morning Post, la Chine devrait en être la principale bénéficiaire. Alibaba y est d’ores et déjà le leader sur le segment du cloud avec plus de 46 % de parts de marché, devant Tencent (18 %) et Baidu (8,8 %), selon les estimations de Canalys. Mais sa domination a commencé à s’étioler cette année au profit de ses concurrents.
A l’échelle mondiale, le groupe de Hangzhou reste cependant un « petit acteur ». En 2019, il n’a ainsi capté que 5 % des dépenses mondiales dans le cloud (107 milliards), loin derrière les champions du secteur que sont Amazon (35 %) et Microsoft (18 %). Et son investissement reste « important, mais encore très inférieur à celui des acteurs américains », selon Fabrice Coquio, président en France d’Interxion, un acteur majeur de la construction de data centers dans le monde, qui s’interroge en particulier sur les ambitions du groupe chinois à développer son activité en Europe
Le choix d’Alibaba d’accélérer sur le cloud s’explique aisément, car cette activité est susceptible de lui procurer des revenus récurrents, auprès d’un public professionnel, puisque basé sur une logique d’abonnements. A contrario la branche qui s’adresse aux particuliers est davantage soumise aux aléas de la conjoncture économique. Et Alibaba en a déjà fait les frais avec une croissance qui est retombée au dernier trimestre à son plus bas niveau depuis 2016.